Le Sahara, souvent associé à un désert aride et hostile, pourrait bien nous surprendre. Des recherches récentes montrent que cette région n’a pas toujours été une étendue de sable sans vie. Il y a plusieurs millénaires, le Sahara était verdoyant, et son potentiel retour à un état plus végétalisé pourrait bouleverser l’équilibre climatique mondial.
Un passé verdoyant : quand le Sahara était fertile
Il y a entre 11 000 et 5 000 ans, pendant l’Holocène, le Sahara a connu une transformation spectaculaire. Des changements dans l’orbite terrestre ont intensifié le rayonnement solaire estival dans l’hémisphère nord, déclenchant une augmentation significative des précipitations en Afrique. Ce phénomène, connu sous le nom de période humide africaine, a permis à des savanes et à des forêts d’arbustes de couvrir une grande partie de cette région désertique.
Selon une étude publiée dans Climate of the Past, ces transformations ont profondément influencé le climat mondial. La végétalisation du Sahara lors de l’Holocène a généré des interactions climatiques complexes qui se sont propagées bien au-delà du continent africain.
Des impacts climatiques globaux liés au verdissement
La végétalisation passée du Sahara a modifié des mécanismes atmosphériques essentiels. Parmi eux, le déplacement de la circulation de Walker, un système d’échanges d’air dans les tropiques. Ce phénomène a redéfini les trajectoires des courants-jets, modifiant les régimes climatiques dans l’Atlantique Nord.
Conséquences régionales variées :
- Europe occidentale : des hivers plus froids et des étés plus chauds.
- Europe centrale : des températures annuelles en hausse.
- Méditerranée : des étés plus secs, accentuant le stress hydrique.
- Asie centrale : des précipitations accrues, favorisant la croissance végétale.
De plus, une réduction de 80 % des émissions de poussières désertiques a été observée à l’époque. Avec un Sahara partiellement couvert de végétation, l’albédo (capacité de réflexion solaire) est passé de 0,30 à 0,15, amplifiant le réchauffement des zones tropicales. Cela a également favorisé le cycle de l’eau, augmentant les précipitations dans certaines régions.
Des parallèles intrigants avec les tendances actuelles
Aujourd’hui, sous l’effet du changement climatique, certains indices montrent que le Sahara pourrait de nouveau se transformer. Des images satellites révèlent l’apparition de corridors végétalisés dans les régions périphériques du désert. Ce phénomène s’explique par une combinaison d’augmentations des précipitations locales et d’initiatives humaines comme la Grande Muraille Verte, un projet de reforestation massive visant à ralentir la désertification.
Quelles implications pour le futur ?
Si le Sahara continue de reverdir, des impacts majeurs sont attendus :
- Réduction des tempêtes de sable : cela pourrait améliorer la qualité de l’air jusqu’en Europe et en Amérique.
- Régulation climatique mondiale : un Sahara plus sombre et végétalisé influencerait la répartition de l’énergie solaire, modifiant les courants océaniques et atmosphériques.
- Biodiversité et agriculture : des zones fertiles pourraient émerger, transformant une partie du désert en terres cultivables.
Cependant, les scientifiques mettent en garde. Ces changements doivent être étudiés avec attention, car ils pourraient entraîner des déséquilibres inattendus dans d’autres écosystèmes.
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Par Alexis Breton